Projet conjoint ITI HiSAAR (Strasbourg) et MAP (Toulouse)
Nommer et représenter les dieux : approches comparatistes des attributs onomastiques et iconographiques en dialogue
Journée d’étude les 30 septembre et 1er octobre 2021
Les configurations familiales
Les textes comme les images, quelle que soit l’aire géoculturelle envisagée, donnent à voir une grande variété de configurations de divinités mobilisées dans le culte. Si statistiquement parlant, les inscriptions s’adressent très majoritairement à une divinité isolée, on rencontre néanmoins de nombreux cas où un couple divin est sollicité (Baal et Baalat de Byblos, Yahvé et son Ashéra, Isis et Osiris), à moins qu’il ne s’agisse d’un binôme formé par un père et sa fille (Zeus et Athéna), un frère et une soeur (Apollon et Artémis, Anat et Baal), des jumeaux (Castor et Pollux), ou encore une « triade » (un schéma fréquent en Égypte où deux dieux parents sont accompagnés de leur enfant). Le modèle familial est particulièrement opérant dans les théogonies, mais il sert également à structurer divers panthéons, à caractériser certains moments rituels ou à établir un lien particulier, souvent spéculaire, entre les acteurs du culte et les destinataires divins. Un autre schéma pluriel récurrent dans le monde divin est celui des collectivités : Muses, Kotharot, Anunnaki, Parques, Filles d’Allah, Douze Dieux, etc. Mobilisées comme telles, elles articulent de manière particulièrement intéressante unité et pluralité.
Pour tenter de mieux comprendre ce qui fait couple, famille ou collectivité dans le monde divin, nous proposons d’explorer plus spécifiquement les manières de nommer et de représenter d’une part les « familles divines » et d’autre part les « collectivités divines ». Il s’agira, en d’autres termes, de mieux cerner le dialogue possible entre attributs onomastiques et attributs iconographiques. Mise de côté l’idée trop naïve d’une correspondance entre les uns et les autres, on travaillera plutôt sur toute une palette de relations possibles.
Comment, par les noms et les images, exprime-t-on ce qui fait couple, famille ou collectivité ? Dans quels contextes rencontre-t-on des configurations ? Pour répondre à quels besoins ? Dans quels espaces, à l’initiative de quels agents, au sein de quels rituels nomme-t-on et représente-t-on ces configurations particulières ? Quelles qualifications et quelles images choisit-on pour exprimer les liens qui les relient ?
En deux temps, à travers deux journées d’étude qui auront lieu à Strasbourg à l’automne 2021, puis à Toulouse au printemps 2022, nous développerons une comparative de la thématique retenue, dans la longue durée qui va de l’Âge du Bronze à l’Antiquité tardive, des civilisations méditerranéennes à la Chine.
Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre l’Institut Thématique Interdisciplinaire HiSAAR (Histoire, sociologie, archéologie et anthropologie des religions) de l’université de Strasbourg et le projet ERC Advanced Grant « Mapping Ancient Polytheisms » (741182) de l’université Toulouse – Jean Jaurès. Une publication découlera de ce travail collaboratif.
Corinne BONNET (Université Toulouse)
Guillaume DUCOEUR (Université Strasbourg)