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Richesse, diversité et répartition des ateliers de sculpteurs sur pierre

L’art bouddhique du Gandhara est un sujet qui enthousiasme les indianistes, les historiens de l’art et les archéologues depuis la découverte des premières images par les officiers britanniques de la Compagnie des Indes au milieu du XIXe siècle. Les questions qui lui sont intrinsèques ont suscité des débats souvent passionnés qui concernent directement le domaine plus large des études asiatiques : l’origine de l’image anthropomorphe du Bouddha et le problème des influences occidentales, la chronologie (absolue et relative) de l’école et la date du souverain kouchan Kaniṣka. La bibliographie consacrée à cette production plastique est vaste. La volonté d’entreprendre une nouvelle étude sur ce sujet résulte du constat qu’il n’existe aucun ouvrage se donnant pour objet l’examen des différents styles de la région.
Les sculptures produites aux cours des premiers siècles de notre ère dans la région du Gandhara présentent des points communs qui justifient la désignation d’un « art du Gandhara » : l’emploi privilégié du schiste gris, le sujet essentiellement bouddhique et l’esthétique nourrie des héritages indien, iranien et gréco-romain de cette région située au carrefour de l’Asie du Sud et de l’Asie centrale. Malgré l’évidente homogénéité, il existe d’importantes variations iconographiques et formelles locales. À l’appui d’un large corpus d’oeuvres dont les provenances sont documentées, cet ouvrage circonscrit et caractérise les nombreux langages plastiques et propose une synthèse des « arts bouddhiques du Gandhara ».
La première partie de cet ouvrage délimite les cadres géographique, historique et historiographique nécessaires à l’examen des langages plastiques. Puis, guidant le lecteur depuis la vallée du Swat, à travers la vallée du Siran, le Pendjab, le bassin de Peshawar, les passes septentrionales et la région du Kāpisā, la seconde partie révèle la richesse et la diversité des ateliers de sculpteurs sur pierre. Cette carte des arts bouddhiques du Gandhara permet ainsi de réexaminer des problématiques liées à la logique de l’école gandharienne, aux relations entre les récits bouddhiques littéraires et visuels et à l’émergence d’iconographies dite « mahāyāniques».

 

Jessie Pons a étudié l’histoire de l’art, l’archéologie, les études indiennes et la muséologie à la School of Oriental and African Studies (Londres), l’École du Louvre, à l’Université Paris Sorbonne (Paris IV) et à l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris III). En 2011, elle a obtenu son doctorat en histoire de l’art de l’Université Paris Sorbonne en soutenant une thèse sur l’art bouddhique ancien du Gandhara. Depuis janvier 2016, Jessie Pons est Junior Professor d’histoire des religions de l’Asie du Sud au Département d’études des religions (CERES) de l’Université de Bochum. De 2021 à 2024, elle a codirigé le « Projet de numérisation des artefacts du Gandhara » (DiGA), un projet de documentation des sculptures bouddhiques conservées au musée de Dir à Chakdara, financé par le Ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche allemand.