Colloque "La 'construction' et la 'reconstruction' des mémoires et des figures du premier christianisme. Questions de méthode entre études apocryphes et études hagiographiques."

Événement passé
Colloque
23 24 septembre 2021
9h 18h
Amphithéâtre CDE

Les écrits apocryphes et les écrits hagiographiques, qui, les uns et les autres, se réfèrent, de façon directe ou indirecte, aux événements et aux figures du premier christianisme dévoilent, au-delà des différences les plus manifestes une parenté substantielle. Aussi les critères de distinction entre la littérature apocryphe et la littérature hagiographique sont-ils questionnés, sinon remis en cause, par le voisinage et la similarité́ qui existent entre elles. Il n’est donc pas étonnant que l’on constate des interférences entre ces deux domaines, interférences liées d’une part leurs méthodes de production similaires et d’autre part à des contaminations entre eux tant du point de vue des contenus que des notions.


Selon une vision réductrice, les mémoires des premiers siècles qui, de par leur contenu, sont en quelque sorte parallèles et alternatives à celles que véhiculent les ouvrages entrés dans le canon sont perçues comme « apocryphes », tandis que les versions plus tardives et plus remaniées de ces mêmes mémoires, rédigées à la suite du développement du culte des saints (IVe siècle), sont considérées comme « hagiographiques ». Ainsi, les spécialistes des apocryphes apparaissent parfois comme spécialistes du monde ancien, tandis que ceux qui étudient l’hagiographie apparaissent comme spécialistes du monde tardo-antique ou, surtout, médiéval. Pourtant, les qualifications d’« apocryphe » et d’« hagiographique » ne sauraient décrire de façon complète et univoque certaines catégories de textes qui se présentent à la fois comme apocryphes et hagiographiques.


En fait, dans bien des cas, le phénomène de la réécriture d’une tradition mémorielle qui prétend remonter à la période des origines chrétiennes a généré des versions différentes d’un même contenu, dont l’époque de rédaction s’étend souvent au-delà du tournant constantinien. Par l’adoption de diverses stratégies d’appropriation d’une source primitive, le fonds commun peut se trouver simplement traduit, fidèlement repris mais inséré dans un contexte narratif nouveau, synthétisé, rapidement évoqué, contaminé ou, enfin, si profondément remanié que la forme originaire ne peut plus être détectée que par une analyse approfondie. Chacune de ces formes textuelles a-t-elle un statut d’écrit soit apocryphe, soit hagiographique, ou à la fois et apocryphe et hagiographique ? ou a-t-elle une valeur tout d’abord hagiographique, constituant ensuite et seulement secondairement une source sur les apocryphes ? Il reste donc difficile de délimiter strictement les deux catégories.


C’est pourquoi, ce colloque se propose d’enquêter sur le caractère dynamique de ces écrits, à travers la détection de leurs fonctions, l’analyse comparée de leurs formes textuelles et de leurs motifs, l’examen de leur « titres », l’évaluation de leur contexte de rédaction, de leur public, de leur réception et transmission. Les objectifs sont de détecter les éléments clés, pour la compréhension d’un phénomène difficile à délimiter. La réflexion sur l’ambiguïté de terminologies, classifications, chronologies à propos des deux littératures devient alors plutôt le point de départ pour la détection et la compréhension des transformations concernant les écrits classés comme apocryphes et hagiographiques à travers une analyse qui considère chaque fait littéraire dans sa globalité.