Projet conjoint MAP (Toulouse) et ITI HiSAAR (Strasbourg)
Les textes comme les images, quelle que soit l’aire géo-culturelle envisagée, donnent à voir une grande variété de configurations de divinités mobilisées dans le culte. Si statistiquement parlant, les inscriptions s’adressent très majoritairement à une divinité isolée, on rencontre néanmoins de nombreux cas où une configuration familiale est sollicitée, comme un couple divin (Baal et Baalat de Byblos, Yahvé et son Ashéra, Isis et Osiris), ou un binôme formé par un père et sa fille (Zeus et Athéna), un frère et une soeur (Apollon et Artémis, Anat et Baal), des jumeaux (Castor et Pollux), ou encore une « triade » (un schéma fréquent en Égypte). Le modèle familial est particulièrement opérant dans les théogonies, mais il sert également à structurer divers panthéons, à caractériser certains moments rituels ou à établir un lien particulier, souvent spéculaire, entre les acteurs du culte et les destinataires divins. En septembre 2021, ces configurations familiales ont fait l’objet d’une exploration comparatiste, à Strasbourg.
Une seconde rencontre, qui se tiendra à Toulouse en juin 2022, entend se concentrer sur d’autres façons de faire dialoguer les noms et les images attribués à des entités divines. En adoptant la même perspective comparatiste, on se penchera sur un autre schéma pluriel récurrent dans le monde divin : celui des collectivités. Muses, Kotharot, Anunnaki, Parques, Filles d’Allah, Douze Dieux, etc., ces ensembles sont mobilisés comme tels dans divers rituels. Ils articulent de manière particulièrement intéressante unité et pluralité.
Pour tenter de mieux comprendre ce qui fait couple, famille ou collectivité dans le monde divin, nous continuerons à explorer les manières de nommer et de représenter diverses « collectivités divines ». Qu’est-ce qui unit cette collectivité et comment cela se traduit-il dans les noms et les images ? Comment noms et images dressent-ils un portrait de groupe ? Quelles sont les qualités, les fonctions, les modes d’actions mis en avant par ce biais ? Toutes les entités formant une collectivité sont-elles traitées de la même manière ? Comment une collectivité divine interagit-elle avec les autres dieux ? À l’initiative de quels agents, au sein de quels rituels nomme-t-on et représente-t-on ces configurations particulières ? Voilà quelques questions, parmi bien d’autres, qui pourront être examinées pendant ces deux journées.
Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre l’Institut Thématique Interdisciplinaire HiSAAR (Histoire, sociologie, archéologie et anthropologie des religions) de l’université de Strasbourg et le projet ERC Advanced Grant « Mapping Ancient Polytheisms » (741182) de l’université Toulouse – Jean Jaurès. Une publication collective découlera de ce travail collaboratif.