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Les fouilles des sites de Tape Maranǰān I et II. Recherche sur les relations entre les anciennes villes de Kābol et les monastères bouddhiques de la région

Les recherches présentées par Z. TARZI dans ce volume eurent pour point de départ sa traduction du persan en français du rapport de fouilles de l’Institut Afghan d’Archéologie (IAA) relatif au site de TM III et publié en 1982. Cette nouvelle fouille entamait les pentes sud de la colline de Maranǰān (TM), tandis que les sites de TM I et TM II, situés dans la partie haute de ladite colline, avaient déjà été fouillés en 1933 par la DAFA (Mission J. Hackin – J. Carl), et fait l’objet d’une publication posthume en 1951, dans le tome VIII des MDAFA. À la lecture de ce dernier, il s’est avéré que les éditeurs n’avaient pas lu l’ensemble des rapports de J. Hackin et de J. Carl. Ce fut donc en lisant et en analysant l’ensemble des rapports, des plans, des croquis et des photographies, pour certains inédits, que Z. TARZI put déterminer l’importance du petit monument de TM I, un monastère qui semblait être curieusement isolé.

En 1982, en effet, les fouilles de l’IAA dévoilèrent que le grand monastère (TM III) se trouvait au pied de la colline et qu’il formait finalement, avec TM I et II, un ensemble monastique important de la région méridionale du bassin de Kābol. Ainsi, selon les règles qui définissaient le choix de l’emplacement des monastères bouddhiques par rapport à celui des villes et des villages à qui ils devaient leur subsistance, les monastères TM I-III se révélèrent être dépendants de la ville de Kābol-Bālāhesār (à l’emplacement de la célèbre citadelle de la capitale afghane). Pour comprendre les relations et l’interdépendance entre les villes et les monastères bouddhiques dans la région de Kābol, Z. TARZI rouvrit tous les dossiers et compulsa l’ensemble des publications des explorateurs et archéologues du XIXe s. et de la première moitié du XXe s., tels M. M. Lal, Ch. Masson, J. M. Honigberger, jusqu’aux fouilles d’A. Godard (DAFA). Il put ainsi fixer l’emplacement de la ville kuṣāne du Sud de Kābol, sur la rive droite de la Logar, grâce à la présence de ces monastères bouddhiques et de leurs majestueux stūpa (Šewaki, Kamari, Sehtopān, etc.).

Tandis que la ville grecque de Bagrāmi, au Sud-Est de Kābol, dépourvue de monastères bouddhiques, semble avoir été construite avant la propagation des monastères aux grands stūpa, le meilleur exemple d’une ville qui contient, dans ses différentes couches archéologiques, des vestiges de l’époque achéménide jusqu’aux temps modernes, reste celle de Kābol-Bālāhesār, entourée qu’elle fut de monastères bouddhiques qui furent bâtis durant une longue période, du temps des Grands Kuṣāns à celui des Turco-Héphthalites.

 

Né en 1939 à Kaboul (Afghanistan), Zemaryalaï TARZI a fait ses études d’archéologie, à partir de 1960, sous la direction de Daniel Schlumberger à l’université de Strasbourg. En 1972, il a été directeur général de l’archéologie et de la conservation des monuments historiques d’Afghanistan et directeur de l’Institut Afghan d’Archéologie (IAA). Ayant dû fuir son pays en 1979, il commença une carrière d’enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg et devint, en 1992, titulaire de la chaire d’archéologie gréco-bouddhique à la Faculté des sciences historiques. Parallèlement, de 2002 à 2013, il a dirigé les fouilles françaises de Bāmiyān (Afghanistan), subventionnées par le ministère des Affaires étrangères et européennes, et continue aujourd’hui à œuvrer pour la sauvegarde du patrimoine archéologique afghan en tant que président de l’APAA.