Les dieux souverains dans les mondes anciens à l'épreuve du comparatisme

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Colloque

Colloque international organisé par Guillaume Ducoeur (Université de Strasbourg), Yann Berthelet (Université de Liège) et Philippe Swennen (Université de Liège) les 8-9 juin 2023 à l'Université de Liège

8 9 juin 2023
9h 17h45
Université de Liège, Bâtiment A1

Il y a neuf ans, John Scheid attirait notre attention sur les dangers induits par l’oubli du comparatisme dans certaines approches actuelles des religions antiques et Philippe Borgeaud vient de nous rappeler l’urgence de la démarche comparatiste pour une analyse historique et anthropologique des religions « modernes ». Récemment, plusieurs entreprises heureuses ont permis de relancer ce type d’enquêtes pour l’étude des dieux du bassin méditerranéen, mais aussi de la Mésopotamie et de l’Inde.

En coorganisant un colloque international sur Les dieux souverains dans les mondes anciens, à l’épreuve du comparatisme, les Universités de Liège et de Strasbourg souhaitent s’inscrire dans la même dynamique, en repartant plus spécifiquement de la notion de « dieux souverains », originellement construite par l’indianiste A. Bergaigne, puis infléchie par G. Dumézil.

Quatre axes d’enquête sont envisagés :

  1. la complémentarité entre les dieux souverains majeurs, une approche qui a révélé une nouvelle fois, il y a peu, toute sa fécondité;
  2. les dieux souverains mineurs ou secondaires, dans le but de mieux dégager les hiérarchies structurant les différentes puissances divines souveraines;
  3. la mise en œuvre politique de la souveraineté, par l’examen des références mythiques aux dieux souverains et des modalités rituelles mobilisées pour qu’un acteur humain s’en trouve revêtu;
  4. l’articulation des questions de souveraineté et de procréation, que ce soit dans les enjeux de pouvoir liés à la naissance d’enfants issus de dieux souverains ou bien dans la symbolique des animaux sacrificiels, parfois stériles, qui leur sont offerts.

L’objectif n’est pas « un comparatisme tous azimuts qu’une seule personne serait censée assumer (ce temps-là n’existe plus), mais la mise en regard des champs d’investigation de toute une série de personnes qui sont compétentes dans leur domaine et qui peuvent interagir. »

Si le comparatisme doit avant tout être différentiel, en mettant au jour les différences aussi bien que les similitudes entre un nombre restreint d’éléments soigneusement remis en contexte, il a longtemps été admis qu’il présuppose toutefois un fond d’identité commun, dans la mesure où « l’autre désigné par la notion d’altérité est […] défini par une différence, un contraste, présupposant d’abord une ressemblance ». Cette identité commune, G. Dumézil la croyait indo-européenne. Certaines études comparatistes récentes, telle celle de J. Scheid sur les sacrifices de trois animaux dans les mondes grecs, romains et chinois, prouvent qu’il est en réalité imprudent, comme M. Detienne l’a souvent rappelé, de restreindre trop étroitement le comparable : des sociétés n’ayant a priori rien en commun peuvent en effet être soumises, de manière fructueuse, à un même questionnement. C’est pourquoi nous souhaitons ne pas limiter ce colloque comparatiste sur les dieux souverains dans les mondes anciens au seul bassin méditerranéen ou au seul cadre indo-européen, mais l’ouvrir davantage, par exemple aux mondes asiatiques, américains ou africains.